On a tous des façons différentes de gérer nos petits moments de déprime. Certains se gavent de chocolat tandis que d’autres se mettent à la boxe ou décident de sortir de chez eux dans le plus simple appareil (je vous le déconseille en plein hiver lorsque vous vivez dans le Cantal…). Ça ne vous étonnera certainement pas, les jeux vidéo constituent mes antidépresseurs de prédilection. D’ailleurs, en prenant un peu de recul, je me rends compte que l’acquisition de nouvelles machines s’est souvent faite à des tournants de ma vie. Je le reconnais, je suis loin d’être imperméable au consumérisme ambiant et je décharge une partie de mes frustrations dans l’acte d’achat. Mais le fait de craquer pour une console ou pour un PC plus puissant ne se limite pas à l’assouvissement d’une pulsion, je le vois toujours comme la promesse de nouveaux horizons. En l’occurrence, ma toute nouvelle Wii U me donne l’occasion de renouer avec le plaisir simple de jouer sans arrière pensée.
C’est bête à dire, mais ce n’est pas toujours évident de ménager son plaisir lorsque le fait de jouer est partie intégrante de son travail. Attention, je ne me plains pas, je pointe juste du doigt le fait qu’on entre alors dans une posture critique difficile à quitter et que le jeu perd du même coup un peu de sa fraîcheur. C’est sans doute ce processus qui donne parfois aux journalistes spécialisés un air vaguement blasé… Pour ma part, ça a dû influencer ma première impression concernant la Wii U : pas de magie ni d’étoiles qui dansent devant devant mes yeux, j’y ai d’abord vu une accumulation d’énormes erreurs de communication de Nintendo, puis une machine techniquement faiblarde au catalogue affreusement limité. Bref, l’affaire était entendue, Big N ne m’aurait pas cette fois-ci !
Il a fallu l’annonce puis la sortie de Bayonetta 2 pour que mes certitudes prennent l’eau. La Wii U n’accueille peut-être pas énormément de titres, mais on y trouve quand même quelques exclusivités qui me font méchamment de l’œil. Je suis faible, j’ai finalement craqué devant un trailer du prochain Zelda : le doute n’était plus permis, j’allais de toutes façons me l’offrir un jour ou l’autre, autant passer à la caisse rapidement. Je ne regrette pas mon geste, bien au contraire, je retrouve l’excitation du multi local avec Mario Kart 8, je m’éclate comme un petit fou avec Bayonetta 2 et j’ai même ressorti les jeux Wii que je n’avais pas eu le temps de terminer. C’est justement en bouclant Mario Galaxy 2 que je me suis incliné face à ma console pour lui présenter toutes mes excuses. Mes railleries répétées révélaient finalement que j’avais perdu de vue l’essentiel, car comme le disait un grand philosophe caoutchouté, « sans maîtrise du game design, la puissance n’est rien ». Avec ma Wii U, j’ai un peu l’impression de redevenir un gosse, et rien que pour ça, je veux bien avaler toutes les bananes que me proposera Mr Iwata.